 
          Publié le 26/02/2025 par Bigo--Simon Alexis
Les hydrogels supramoléculaires sont
 des matériaux dont la cohésion est généralement assurée par une 
architecture nanofibreuse résultant de l’assemblage des briques 
moléculaires. Lorsqu’ils sont constitués de peptides, ils font l’objet 
d’un fort engouement en raison de leurs potentielles applications dans 
le domaine biomédical. Ils pourraient en effet jouer le rôle de matrices
 pour la libération contrôlée de médicaments ou être utilisés pour la 
régénération tissulaire grâce à leurs propriétés biomimétiques. 
Les
 propriétés physico-chimiques de ces matériaux trouvent leur origine 
dans l’organisation spatiale des peptides interagissant entre eux au 
sein des nanofibres. Si de nombreuses techniques d’analyse spectrale 
permettent d’apporter des informations sur cet arrangement spatial des 
peptides, il n’existe aucun outil à disposition du chimiste ou du 
physico-chimiste qui permette de visualiser de quelle manière ces motifs
 s’assemblent à l’échelle quasi-atomique. Pourtant, cette information 
est essentielle pour comprendre, concevoir et optimiser les propriétés 
et performances des hydrogels supramoléculaires.
S’inspirant
 de la résolution de structures iologiques obtenues par reconstruction 
d’images haute résolution de cryo-microscopie électronique (cryo-ME)1, une approche mise à l’honneur en 2017 par l’attribution du Prix Nobel de Chimie, un consortium d’équipes de recherche2  piloté par l’Institut Charles Sadron (CNRS)  pu visualiser la structure d’une nanofibre3  de
 4,9 nm de diamètre avec une résolution exceptionnelle de quelques 
angstrœms. Les scientifiques ont mis en évidence les groupements 
moléculaires qui contribuent au cœur hydrophobe de la nanofibre et ceux 
qui interagissent avec l’eau environnante de l’hydrogel. Ils révèlent 
également une organisation spatiale originale des peptides interagissant
 entre eux au sein des nanofibres baptisée « fermeture éclair ». Une
 organisation que l’on retrouve fréquemment dans les associations de 
motifs en forme d’hélice mais qui n’avait encore jamais été mise en 
évidence dans ce type de nanostructures organiques supramoléculaires. 
Ces
 travaux sont avant tout le résultat d’une prouesse technique qui 
illustre le potentiel de la reconstruction par cryo-ME pour répondre à 
des questions relevant des domaines de la chimie supramoléculaire ou des
 matériaux mous. Ils contribuent ainsi à une meilleure compréhension de 
l’assemblage et de l’organisation dans l’espace des peptides et de leurs
 acides aminés en révélant, avec une résolution rarement atteinte, des 
motifs supramoléculaires inédits au sein des nanofibres.
Alexis Bigo-Simon, Leandro F. 
Estrozi, Alain Chaumont, Rachel Schurhammer, Guy Schoehn, Jérôme 
Combet, Marc Schmutz, Pierre Schaaf & Loïc Jierry
3D
 Cryo-Electron Microscopy Reveals the Structure of a 
3-Fluorenylmethyloxycarbonyl Zipper Motif Ensuring the Self-Assembly of 
Tripeptide Nanofibers
ACS Nano 2024
https://doi.org/10.1021/acsnano.4c08043